Travailler avec les animaux | L’engagement de Camille

par | 14 Jan 2024 | 0 commentaires

Avant, Camille était prof. Si son engagement est resté le même, aujourd’hui, elle a choisi de travailler avec les animaux. Dans cet épisode, Camille relate son parcours en tant qu’enseignante et vacataire, son déclic pour la cause animale et sa transition vers le monde associatif. On y parle aussi d’engagement, de militantisme, de nutrition et du cri de la carotte.

Être prof : une évidence ?

Camille, 35 ans, ex-professeure de lettres vacataire dans le secondaire et auprès d’adultes pendant 9 ans, a grandi avec une image très positive de l’enseignement. Sa mère, prof passionnée, a d’ailleurs passé le flambeau à ses 3 enfants… qui ont malgré tout fini par se reconvertir.

Si Camille a choisi ses études de lettres par attrait pour la littérature, on lui fait rapidement comprendre qu’être prof est le seul débouché envisageable. En parallèle de son cursus universitaire, elle devient donc vacataire. Ce statut, qui peut sembler précaire, lui permet à l’époque de se forger en tant que prof, en acceptant quelques missions au collège dont elle garde un bon souvenir, et peut-être même un peu de nostalgie. 

À ce moment, elle ne pense pas encore à travailler avec les animaux, mais les doutes grandissent. Elle continue en thèse, une fois son master obtenu et aurait pu passer le CAPES en même temps. Pourtant, son expérience en tant que vacataire la fait reculer. Grâce à ses diverses missions, Camille a pu se rendre compte des réalités difficiles au sein de l’Éducation nationale (inégalités entre les établissements, manque de moyens…) et préfère poursuivre, pour un temps, les remplacements.

En tant que prof, Camille effectue également des missions de bénévolat, en Colombie d’abord, avec des cours de français, puis à son retour en France en accompagnant des jeunes à l’aide aux devoirs. Rapidement, elle s’engage aussi dans l’enseignement auprès d’adultes préparant le DAEU (Diplôme d’Accès aux Études Universitaires). Ce poste qui lui donne une grande liberté pédagogique, avec d’autres professeurs formant un groupe soudé, est sans doute celui qui lui manque le plus aujourd’hui. Elle l’a d’ailleurs quitté à regret. En effet, le hasard va placer sur sa route un simple journal qui va changer sa vie.

 

Travailler avec les animaux : déclic et prise de conscience 

Après être tombée sur un article traitant des poules pondeuses et de leur existence en cage, Camille se renseigne. Elle cherche, fouille, enquête sur Internet et, si elle n’est pas totalement étrangère à l’élevage intensif, apprend beaucoup de choses qu’elle ignorait jusque-là. Elle découvre l’association L214 qui s’efforce de faire connaître au grand public les conditions de vie des animaux, notamment d’élevage, mais aussi domestiques et sauvages. C’est une première prise de conscience.

Camille, qui avait déjà cessé de manger de la viande, devient progressivement végane. Au fil de ses lectures, elle réalise qu’elle veut s’impliquer davantage et se lance dans le bénévolat. Elle distribue des tracts, milite, se forme, et débat. Les débuts, à une période où les citoyens sont encore peu sensibilisés au bien-être animal, ne sont pas évidents. Mais, Camille s’accroche : elle le fait pour la bonne cause et pour faire évoluer les mentalités. Si tous ne se sentent pas directement concernés, beaucoup sont interpellés, discutent de leur point de vue, et souhaitent en savoir plus, notamment au niveau de la nutrition.

Cette période enthousiasmante au niveau personnel correspond également à un désintérêt progressif pour sa vie professionnelle. Sa liberté de vacataire va lui offrir l’opportunité d’accepter un premier CDD dans une association de défense animale, en tant que chargée de gestion administrative. Si ses tâches ne lui permettent pas de travailler avec les animaux directement, c’est tout de même le déclic pour Camille.

 

💡 Vous êtes titulaire de la fonction publique et vous souhaitez changer de métier en toute sécurité ? Voici tout ce que vous devez savoir sur la rupture conventionnelle

 

Passer du bénévolat au salariat : s’engager autrement

 

Ce poste de 2 mois ouvre à Camille le champ des possibles. Très positive, cette première expérience se réalise auprès de personnes d’horizons différents et avec qui Camille peut travailler en équipe. Sous les encouragements de ses nouveaux collègues, elle postule même à une mission de chargée de communication.

Si elle manque au début de certaines compétences professionnelles, elle a la chance de pouvoir apprendre sur le tas et de se mettre à niveau avec l’aide de ceux qui l’entourent. Et, Camille insiste : être enseignant apporte beaucoup de qualités valorisables sur d’autres métiers, comme la lecture, l’analyse, la synthèse de données, mais aussi le fait de parler devant une audience. 

Aujourd’hui, de nouveaux cours émergent dans les études supérieures (éthique, voire DU sur le droit des animaux), mais Camille en est persuadée : au-delà des diplômes, les qualités humaines sont tout aussi importantes pour un recruteur. Dans son cas, il a été demandé à Camille d’être une touche-à-tout sur son poste : réseaux sociaux, lettre d’information, communiqué de presse, relation média… Autant de compétences qui n’auraient de toute façon pas pu être proposées au sein d’une même formation.

Camille nous apprend aussi que, en devenant salariée de cette association, elle a pu bénéficier d’un salaire unique (identique entre toutes les strates hiérarchiques), mais également médian. Par rapport à son poste de vacataire, elle estime avoir aujourd’hui une situation plus stable et confortable.

 

Militer et éduquer : la nouvelle mission de Camille

 

Comme lorsqu’on est prof, travailler avec les animaux ne se limite pas à des horaires fixes. En effet, de par son engagement, Camille ne réussit pas toujours à éloigner ses missions de ses pensées. Et, quand elle y parvient, c’est parfois son entourage qui vient le lui rappeler, du fait de l’actualité, mais aussi de son véganisme.

Ce régime alimentaire qui consiste à ne pas manger de produits venant directement ou indirectement des animaux interroge, fascine parfois. Il peut être un choix militant en faveur du bien-être animal, mais aussi écologique, voire politique. De plus, les arguments de ses détracteurs sont toujours les mêmes : 

  • L’alimentation carnée de l’homme préhistorique.
  • Les carences, bien qu’il ait été démontré qu’on peut être végan et en bonne santé, grâce à une combinaison d’aliments végétaux réfléchie et une supplémentation en vitamine B12.
  • Enfin, plus surprenant, le cri de la carotte, soit le fait que les plantes consommées seraient en mesure de ressentir la douleur (ce qui, encore une fois, ne fait pas sens au niveau biologique).

Ces excuses proviennent en fait d’un biais, d’une dissonance cognitive, mise en place inconsciemment face au malaise ressenti lorsqu’on réalise ce qu’a vécu l’animal pour arriver à l’assiette. Et tout l’enjeu des militants est là : permettre aux gens de dépasser ce malaise, de se rendre compte de sa consommation pour la baisser voire l’arrêter, et éduquer. Car il est possible de ne pas tuer les animaux pour vivre en bonne santé. 

 

 

De cet échange avec Camille, c’est le mot « engagée » qui ressort, dans toutes ses significations. Car engagée, elle l’a été auprès de ses élèves et elle l’est aujourd’hui pour une cause, celle des animaux. Grâce à son parcours, Camille aura montré aux enseignants qui hésitent à changer de voix qu’ils ont des compétences précieuses et valorisables dans d’autres domaines. Et, si ce podcast présente des exemples inspirants de reconversions, elle espère également que cet épisode puisse renforcer l’engagement des profs actuels et leur redonner confiance.

 

💡 Vous préférez les métiers artistiques ? Léna vous explique comment devenir tatoueuse.

 

Article rédigé par Marion Massein dans le cadre de la Formation en Rédaction Web

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *